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J'aime savoir ce qui sera au programme dans certaines classes. Alors pourquoi ne pas ajouter des petits plus !

Tina Modotti (1886-1942) suite 2

Nous continuons de voir ce qui se trouve sur Tina Modotti dans le livre de J. M. C. Le Clézio Diego & Frida, car la photographie italienne se trouve au Mexique de 1923 à 1930.

Rencontré un peu par hasard quelques mois plus tard, Edward Weston, l’ami photographe de Diego Rivera — qui, après sa séparation d’avec Tina Modotti, est venu vivre à San Francisco —, fait un rapport pittoresque sur le couple, particulièrement sur Frida, en perpétuelle représentation : elle semble, écrit-il, « une petite poupée à côté de Diego, mais elle est petite seulement par la taille, parce qu’elle est forte et belle, et ne montre pas beaucoup le sang allemand de son père. Elle est habillée en indigène, jusqu’aux sandales, et provoque beaucoup de curiosité dans les rues de San Francisco. Les gens s’arrêtent sur son passage pour la regarder avec étonnement[29] ». Mais le beau portrait qu’il tire d’elle cette année-là montre bien à quel point la métamorphose est profonde. La fille insolente, aux yeux brillants et provocants, est devenue une jeune femme d’une singulière beauté, enveloppée dans ses châles et chargée de ses bijoux de terre cuite d’idole précolombienne, armure plutôt que parure, déjà fermée sur sa solitude et le regard un peu détourné, comme voilé par le souvenir de la douleur. Source :  http://www.rulit.me/books/diego-et-frida-read-507341-19.html ou page 98 du livre cité.

29

Edward Weston, Daybooks, New York, 1961, vol. II, p. 198

L’Amérique, en 1930, est plongée dans un chaos social et moral où tout peut apparaître. Malgré la persécution de l’attorney général Palmer et de son adjoint J. Edgar Hoover contre les « Rouges », malgré les arrestations arbitraires, les tortures, les assassinats, les partisans de la révolution sociale ont gardé toutes leurs illusions. À Mexico, Diego a parlé avec les slakers italiens, réunis autour de Tina Modotti et du révolutionnaire Vidali. Avec eux, il a évoqué le souvenir des grands mouvements de foule, les manifestations en faveur de Sacco et Vanzetti, ennio morricone/joan baez - The ballad of Sacco and Vanzetti et Sacco et Vanzetti Joan Baez - Here's to you, Nicola and Bart
quand intellectuels et ouvriers se retrouvèrent côte à côte et marchèrent dans les rues de Boston vers la prison de Charlestown pour tenter d’arracher à la mort le « bon cordonnier » et le « pauvre marchand de poisson », victimes de la chasse aux communistes étrangers. Bertram Wolfe, ami depuis dix ans avec Diego, a raconté son arrestation par la police, sa rencontre en prison avec John Dos Passos. C’est de cette Amérique que rêve Diego depuis qu’il est revenu de la vieille Europe amère et désillusionnée. Source : http://www.rulit.me/books/diego-et-frida-read-507341-21.html ou page 109 du livre.

En 1929, quand Frida épouse Diego, c’est une robe de Tehuana qu’elle revêt pour changer d’apparence, pour quitter le costume de militante du Parti, jupe droite et chemise rouge imitées de Tina Modotti. Et ce n’est pas par hasard qu’elle choisit ce costume qui plaît tant à Diego. La femme de Tehuantepec ou de Juchitán, à l’époque, est devenue l’incarnation de la résistance indigène, et, de plus, l’emblème du féminisme — d’un féminisme essentiel, du triomphe de la liberté de la femme indienne. La légende du matriarcat de Tehuantepec fascine tous les intellectuels de l’entre-deux-guerres, poètes, essayistes et surtout peintres. Pour Saturnino Herrán, le costume ne sert qu’à mettre en valeur des modèles de type andalou, dans un éblouissement de dentelles et de couleurs un peu mièvre. Mais pour Diego Rivera comme pour Orozco, Tamayo, Roberto Monténégro ou Maria Izquierdo, la femme tehuana est inséparable de son pays, cette côte de Tehuantepec, si chaude, si violente, désert tropical, avec ses villages écrasés de soleil et la fête indienne qui résonne dans la nuit.

En 1925, 1928, puis au retour des États-Unis, en 1934, 1935, c’est à Tehuantepec que Diego Rivera va se ressourcer quand il a besoin de ces images fortes, paysages de l’Éden, mais un Éden âpre et poussiéreux, et ces rivières où les femmes aux dos larges, aux épaules de cariatides se baignent nues en toute innocence. Les femmes au bain de Diego Rivera, sur la plage de Salina Cruz, sont ses Baigneuses de Cézanne ou ses vahinés à la manière de Gauguin. C’est la même nonchalance, la même provocation innocente, la même apparence : longue jupe multicolore, buste dénudé, et la chevelure tressée mêlée de fleurs d’hibiscus. On fait le voyage à Tehuantepec, dans les années 30, pour retrouver le mythe du paradis terrestre, comme le note le cinéaste Sergueï Eisenstein dans son Journal : « L’Éden n’était nulle part dans la région entre le Tigre et l’Euphrate, mais évidemment ici, dans un lieu qui se trouvait entre le golfe du Mexique et Tehuantepec[99]. » Edward Weston, Tina Modotti, Lola Alvárez Bravo et beaucoup d’autres reviennent de Tehuantepec et de Juchitán avec d’extraordinaires clichés de ces femmes si belles, si audacieuses, qui gèrent le commerce dans les villages de l’isthme et vivent une sexualité épanouie, libre de toute notion de péché et de tout interdit. Paul et Dominique Éluard, qui voyagent au Mexique au moment de l’exposition surréaliste, sont tellement enthousiasmés par la beauté et la liberté des femmes tehuanas qu’ils décident même de s’y marier selon le rituel indigène. Source : http://www.rulit.me/books/diego-et-frida-read-507341-41.html

99

In Elena Poniatowska et Graciela Iturbide, Juchitán de las mujeres, Mexico, 1989, p. 17.

Vous pouvez voir à ce sujet la photographie de Tina Modotti

                                                     Femmes de Tehuantepec 3

                                                              Tina Modotti

                                        Titre original : Donna di Tehuantepec 3

Photographie 1929 Mexique

© Archivio Cinemazero

Source : http://www.unilat.org/VirtualeMuseum/Datas/oeuvresContemporaines.asp?l=Fr&e=modotti

En cliquant sur le lien vous pourrez voir plusieurs photographies prises par Tina Modotti au Mexique.

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